contre-émission
cryptée / chair blessée / mord plus fort / dernier
réflexe / vital parmi faisceau de comportements conditionnés
/ que l’on s'observe / exécuter / au fond de certains
/ appartements / lie /
fond immémorial / peau vascularisée de signes électriques
/ transmission / d’intensités intérieures
/ ingestion complexifiée, décharge d’éclipses
/ technologie d’instincts accélérés
/ vies "ill": malades / exclusion de composition avec
masse aseptisée / mécénat d'aventuriers /
un travail qui reste à faire, une tache qui reste à
dessiner / dans le paysage éditorial pour l’aspirer
dans le trou noir / diaspora de stylistes / paroxysmes errants
(à la dérive) (dérivants décomposés)
(paroxysmes pourrissants) / monstres aux mémoires marginales
/ virus se virussant eux-mêmes / flippers de bactéries
/ Joe l’Indien et ses Alligators / textualité de
vécu et de perception / l'espoir qui nous meut pour tenir,
tenir bien et aussi longtemps que la vie tient elle aussi / réseaux
veineux cristallisés / deltas / raison basse / cerveau
pile d’énergie chargée à mort / système
nerveux pire encore / penser à raison basse / baisons crasse
/ raison basse / raison basse /
Ce texte pour présenter les éditions.
Maintenant, avant de laisser lire Mathias Richard et Thierry Théolier,
je voudrais lire quelques lignes de V.I.T.R.I.Ø.L., puisque
Arnaud aurait dû être parmi nous ce soir.
Ses
textes, vous n’en avez lu que quelques uns. La mort vous
a privé des autres. Sa mort vous a privé, longtemps,
de tout sauf de l’angoisse et du désir de suicide.
Non pas pour la rejoindre, mais parce qu’une maladie de
l’esprit s’était instillée en vous.
La mort est une maladie contagieuse. Elle vous a contaminé.
Ça fascine, ça terrifie, c’est vertigineux,
ça arrivera tôt ou tard. Pour le moment, il faut
écrire le plus possible des mensonges, la vérité.
La vérité ? Impossible. On ne sait pas la vérité
sur la mort. Mais vous n’êtes pas loin d’en
savoir un peu plus. Car déjà vous avez vu son corps
privé de vie. Quand vous l’avez vue à la morgue,
c’était le corps marmoréen et le corps uniquement
qui était là. Et vous vous êtes senti idiot
devant ce corps dur, froid, livide. Il n’y avait plus de
parole possible. Elle en était incapable, et la vôtre
vous avait été subtilisée par son absence
de parole à elle. Vous attendiez, mais rien ne venait.
Même vos baisers n’avaient plus de sens. La mort n’a
pas de sens en soi, elle a celui que l’homme et ses symboles
lui confèrent. Mais devant le corps de l’aimée,
vous oubliez les symboles, le langage, la foi. Vous n’avez
qu’une conviction, son corps est sacré. Et ce hiératisme
provient de la violence qu’il dégage. Car un corps
mort dégage plus de violence que n’importe quelle
parole, qu’il s’agisse d’une imprécation
ou d’une prière.
La mort, c’est
un excès de vie. Vous voulez avoir une connaissance plus
intime de la mort et si possible la magnifier. Les premières
statuaires préhistoriques représentaient des divinités
engendrées par la peur de la mort. Vous savez que vous
pouvez mourir plusieurs fois et rester vivant. Vous pouvez mourir
quand vous l’avez décidé. La mort a une odeur
de lumière blanche. Vous devez, tel que vous avez vécu,
vous préparer sérieusement à la mort. […]
Et puis cette hypothèse : mourir en pleine santé,
au sommet de la vie et de l’amour. Périr d’une
insupportable excitation des cellules qui font la vie. L’instant
d’après, vous voudrez prononcer les derniers mots
de l’humanité. Vous savez très bien que vous
écrivez parce que vous avez peur de la mort et de la folie.