J'ai
toujours fait des grimaces aux miroirs, sans doute par fascination pour
la plasticité du visage humain, et par fascination pour l'étrangéification
à soi-même que ces déformations produisent : celles-ci
font apparaître le visage comme une surface informe où toutes
les informations, toutes les expressions, toutes les significations, peuvent
surgir.
Ce que l'on croit être soi (et qui commence très souvent
par l'identification à son propre visage) se déforme, se
tord, se distend et se dissout si facilement.
Sciences & Avenir m'a envoyé comme cadeau de réabonnement
un flash manuel (polaroïd), c'est-à-dire une petite lampe
dont l'intensité de la lumière se module selon la force
de la pression du doigt exercée sur une zone-interrupteur ; bref
les variations de cette lumière sont analogiques à la poussée
tactile exercée sur l'objet qui la contient.
Placée près du visage, dans le noir, le nombre d'expressions
que cette source de lumière fait surgir, et crée, apparaît
très rapidement infini.
Des traits inattendus émergent, des traits ancestraux et animaux
remontent à la surface (traits mongols, museau...), révélés
par les ombres.
Des traits futurs (de ma propre vieillesse, mais aussi ceux de nos descendants,
des descendants de l'humanité) apparaissent également.
Voici quelques extraits photographiques de cette expérience qui
reste à continuer et approfondir. |